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Femme Congolaise (Défis, acquis, visibilité de genre)

Une note de lecture d'Ulrich Talla Wamba
  • Femme Congolaise (Défis, acquis, visibilité de genre)

Date de sortie : Lundi 01 décembre 2008
Genre : Essai

ISBN du livre : 978-2-296-07779-9
Pages : 100

Année : 2009
Rubrique : Littérature / édition, Danse, Mode, Internet, Histoire/société, Interculturel/migrations, Patrimoine



« Femme congolaise & Femme africaine »



 C'est par un portrait de Claudia Wambululu, grande mannequin congolaise que l'écrivain natif du Congo a bien voulu illustrer la première de couverture de son essai, paru aux Editions L' harmattan en 2009. Dans son sixième ouvrage, Cikuru Batunike a décidé de consacrer sa muse à « la femme congolaise » en interrogeant dans un style très éloquent, ses défis, ses acquis et sa visibilité de manière générale.



 La prise de conscience tardive ?



 Cette question marque l'introduction de l'auteur. Ici, il évoque cette rareté impressionnante de la gent féminine dans la gestion des questions liées à la vie tant économique, sociale ou politique de l'Etat du Congo. Pourtant une certaine mobilisation (certes faible) se fait de plus en plus sentir dans les artères des villes africaines et congolaises particulièrement.



 En effet, contrairement à ce que certains pourraient penser, la femme occupait un rôle très important dans les sociétés précoloniales africaines. Déesse, Reines, Soldats (Amazones), etc., les femmes eurent des fonctions de responsabilités très importantes et parfois même stratégiques (en parlant de la sécurité par exemple). « Le matriarcat » a marqué et continue même toujours dans certaines sociétés traditionnelles telles que les Bamiléké, dans la partie occidentale du Cameroun, où la femme, Mâ Fô (Mère du Chef – épouse du Chef) a un pouvoir singulier auprès des Notables et du Chef. Celle-ci est consultée très régulièrement et peut influencer certaines décisions importantes prises dans la Chefferie sous le commandement du Chef. Ici, en général, c'est la force de son expérience qui s'exprime.



Ainsi, notre auteur du mois, situe ce « recul », « au contact des influences religieuses sous couvert de la colonisation ». Il le justifie en soulignant que « la colonisation a combattu ce mode de fonctionnement de la société, avant de renforcer l'affaiblissement de la femme, de confier tous les pouvoirs de prise de décision à l'homme »[1]. Quoi qu'il en soit, Cikuru semble trouver quelques voies de sortie de crise. Notamment, en termes d'actions sociales, culturelles, social et juridique.



 



Les Acquis et les Défis pour la Femme Congolaise (femme africaine)



 



De plus en plus en Afrique et au Congo plus spécifiquement, la femme semble avoir compris la pertinence identitaire qui est la sienne pour ce qui inclut la gestion des questions de la société ou de son quotidien. Elle a aujourd'hui plus qu'hier des instances de protections et de promotion de ses droits. L'une des plus connues est la journée du 08 Mars. Elle est consacrée à la Journée Mondiale des Droits des Femmes. C'est l'occasion justement pour la femme africaine de s'arrêter un cours instant et d'interroger la situation dans laquelle elle se retrouve aujourd'hui.



 



A côté des nombreux programmes mis en œuvre pour la promotion de l'éducation chez la jeune fille, ou de ceux entretenus par l'Union Africaine, la femme africaine se retrouve aujourd'hui avec des outils de communication et d'expression (réseaux sociaux, magazines 'Amina', etc.) impressionnants à l'ère du numérique, bien sûr. La femme est aussi, actrice des Sociétés Civiles et autres organisations non gouvernementales nationales ou internationales.



 Malgré toutes ces possibilités facilement identifiables aujourd'hui, notre auteur fustige avec stupeur l'incertaine avancée dans ce sens de promotion et d'expression. C'est ainsi qu'il évoque quelques Défis urgents à réaliser par celle-ci et/ ou par ceux qui l'accompagnent.



 En termes « Psychologique »



Il faut selon lui adopter d'autres mentalités qui mettraient la femme en confiance.



 En termes « Culturel »



En finir avec la chosification de la femme et se défaire du poids de certaines traditions qui l'amoindrissent dans sa personnalité.



 En termes « Social »



Il faut garantir l'instruction et l'accès de la femme aux postes de prise de position.



 En termes « Juridiques »



Il faudrait actualiser les codes de la famille et du travail pour une réelle promotion de l'égalité des chances et des libertés individuelles.



 Les Premières Dames : Un atout ?



Est-ce que les Premières Dames peuvent (et doivent) servir d'exemple pour les autres femmes dans l'élan d'émancipation de la femme ? Oui sans doute. C'est en tout cas, le constat qui semble s'observer de plus en plus, en Afrique et plus précisément en RDCongo avec une réelle mobilisation dans les actions sociales.



 L'exemple « Madame Kabila »



 



Deux grandes idéologies semblent s'exprimer dans les actions nombreuses réalisées par les Premières Dames africaines. Celle du Congo-Kinshasa n'est pas en reste. Ainsi, l'on distingue, l'une qui voit :



-          Une épouse, Première Dame gentille exclusivement pour donner une bonne image de son époux (Mari) et de la Famille Présidentielle dont elle est la mère. Elle accompagne ainsi celui-ci, plus facilement et obtient un amour plus certain de la population. Aussi, son mari peut (ce qui généralement le cas), les utiliser pour des fins purement politiques. Cela peut se voir à la veille des Campagnes politiques – Elections Nationales importantes.



 



A côté de ce point de vue tout-à-fait pertinent, l'auteur préfère relever également un autre, qui cette fois-ci présente



-          la Première Dame comme une femme modèle. Une femme forte qui au fur et à mesure, se libère du pouvoir embrigadant de son mari pour jouer un rôle non-conformiste (seulement) au cours du mandat. Ainsi, elle se sent plus libre, et peux par cette occasion, mener de nombreuses actions et intervenir ou donner ses avis sur des questions politiques auxquelles son mari, Monsieur de Président, ne s'y frotte pas absolument.



 



Dans ce cas, la femme représenterait bien ici, celle des années du Système social de Matriarcat où, non seulement, elle est l'oreille de son mari, la conseillère de celui-ci, la mère et femme au foyer et surtout la Dame Publique.



 La pluie de Fondations pour les Premières Dames africaines



On croirait un certain moment que la possession d'une fondation par une Première Dame, serait inscrite dans la Constitution de la République où elle établie. En effet, le mouvement secoue l'essentiel des pays de l'Afrique Francophone et même ailleurs. De la République Démocratique du Congo d'Olive Lembe Kabila au Cameroun de Chantal Biya, en passant par Edith-Lucie Bongo du Gabon, Dénise Bucumi Nkurunziza du Burundi, Monique Bozizé de la R.C.A. (à son époque), Touré Lobbo Traoré du Mali (à époque également) ou Chantal Yayi du Bénin.



 Dans le Champ Politique



Dans le Champ politique, la question revient. Où passent les femmes dans les instances de décisions politiques ? Une question qui semble puiser un élément de sa réponse dans les élections libres de 2006 au Congo-Kinshasa. Ici, l'écrivain relève avec effroi, d'ailleurs, que « seulement 2% » des responsabilités politiques sont occupées par des femmes. Une situation qui semble inquiéter, car celles-ci, vu l'engouement certes évolutif (mais très lent), semblent (s') être exclues.



 En 2005, la République Démocratique du Congo « comptait 5 femmes sur 36 Ministres » ; 3 femmes sur 120 sénateurs et 59 femmes sur 500 parlementaires. Les femmes manquaient à l'appel au poste des 11 gouverneurs de régions désignés (on en retrouvait 3 au niveau de vices gouverneurs).



  Et pourtant, les modèles ne manquent pas…



 Dans ses annales, l'histoire retiendra que la première femme à avoir siégé au gouvernement en RD Congo fut : Sophie Madeleine Lihau-Kanza, en 1967.



Née en 1940 à Kinshasa (décédée en 1999), elle fut diplômée de l'Université de Genève et l'Université d'Havard avant d'exercer les fonctions de Secrétaire d'Etat aux Affaires sociales (1966 à 1967), Ministre des Affaires Sociales (1967 à 1968), Député et Ministre des Affaires Sociales (1969 à 1970), Sous-directeur général Adjoint à l'Unesco (1981 à 1985) et Chargée de Mission auprès du Directeur Général de l'Unesco (1985 à 1988).



 Le Liberia restera le Premier pays africain à avoir choisi d'être dirigé par une femme. Elene Johnson, est aujourd'hui un bel exemple pour toutes les femmes africaines qui souhaiteraient s'investir véritablement dans la politique. Le Cas de la République Centrafricaine avec Catherine Samba Panza, peut conforter ces souhaits nombreux mais silencieux.



 La femme africaine dit le droit. C'est une femme Fatou Bensouda qui est Présidente de la CPI[2] (Cour Pénale Internationale) de la Haye. Oublions-nous les Femmes africaines Prix Nobel (à l'exemple de la Centrafricaine Nadine Gordimer) et autres lauréates de prestigieuses récompenses et reconnaissances internationales ?



 Cikuru Batumike s'insurge et appelle plus que jamais la femme à investir les milieux dits importants, les médias, la science, la culture, la politique et surtout l'entreprenariat. Aussi, il préfère le nominatif d'un sens nouveau aux traditions et pratiques non bénéfiques à l'émancipation de la femme. La question du pagne ou du pantalon, devrait être dépassée aujourd'hui.



 Aussi, Cikuru revendique au nom des dames,  plus de faits au Congo-Kinshasa et en Afrique parallèlement. Il faut scolariser les jeunes filles et actualiser les pratiques anciennes qui répriment encore le « sexe faible » (mariage forcé, dot exagéré). Ainsi, il soutien l'adage « éduquer une femme, c'est éduquer tout un peuple ».



Sur une vue actuelle, les avancées notoires ont été  accomplies dans ce pays d'Afrique Centrale et dans plein d'autres, même si celles-ci semblent être toujours trop à la traine des défis nouveaux émis par des organismes internationaux au sujet des quotas des femmes auprès des instances dirigeantes. Notamment à l'Assemblée Nationale, au Sénat, au Gouvernement et Directeurs Généraux d'Entreprises.



 Le combat semble être par conséquent encore long…Mais au loin dans le rivage, s'extirpe une lueur d'espoir pour la concrétisation d'une société plus juste où les femmes auront autant que les hommes, les mêmes chances de réussite ou d'intégration nationale.




 




 



Ulrich Talla Wamba, est un jeune écrivain camerounais. Il est membre du CLIJEC (Cercle littéraire des jeunes du Cameroun) ; association d'écrivains et d'écrivains en devenir basée à Yaoundé au Cameroun.



 Email : talla_poesie@yahoo.fr



Facebook : http://facebook.com/ulrich.talla.wamba



Web : http://plumencre.e-monsite.com


 Twitter: http://twitter.com/@talla_poesie




[1] Cf. page 9.





[2] Au delà de la polémique, bien sur.



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