Kongo Congo est écrivain et réside à Bruxelles dan le quartier africain de Matonge. Il est chargé d'écrire un livre sur la communauté congolaise. L'éditeur, Joseph D. veut un genre "Guide touristique" aux ingrédients ethniques qui pourrait intéresser la population entière du village planétaire, et sans trop de références à l'Afrique d'hier et d'aujourd'hui. Devant les problèmes financiers qui l'accablent, Kongo devra décider de la nature de l'histoire à écrire: la sienne ou celle de Joseph D.''Le village de Matonge'' ou''Juju Factory'' ?
Un film de Balufu Bakupa-Kanyinda
NOTE D'INTENTION Le "juju" est un talisman ("magic", "voodoo", fétiche, amulette) qui protège du "maléfique". C'est un "charme" superstitieux qui dit-on possède des pouvoirs surnaturels. On le trouve en Afrique de l'Ouest; particulièrement au Nigeria, Ghana, Liberia, Sierra Leone, Bénin…
Là-bas, les gens croient que celui qui a le "juju" est "blindé". Personne ne peut le maudire ou l'attaquer ni lui faire du mal. Le possesseur du "juju" a donc la "foi" pour être hors d'atteinte de n'importe quelles nuisances.
Un jour d'avril 2002, en sortant de l'enceinte gigantesque de "Elmina Castel", fort esclavagiste" en bord de l'océan Atlantique, à Cape Coast au Ghana, j'ai commencé à penser au concept spirituel africain du "juju", en m'interrogeant sur la part des Africains qui participèrent à ce commerce criminel.
Alors, pour faire simple, j'ai rêvé d'un combat imaginaire des esprits, entre le "maléfique" et le "juju". Et je l'ai transposé à Bruxelles. Dans ce conflit d'intérêts ou de raison ("vérités de la raison, vérités de la foi"), j'ai mis face à face un écrivain et un éditeur. Tous deux Africains. S'agit plus de l'esclavage. Ici, la question conflictuelle se noue autour de la divergence de vision d'un même monde, entre la passion créatrice et la réalité quotidienne.
J'ai voulu travailler sur un sujet et de la matière (exil, écriture) ainsi que des facteurs humains que je connais. Ayant séjourné durant des années en Belgique, où j'ai encore des liens familiaux bien ancrés dans la société belge, cette histoire fait partie de mon "monde personnel". Et aussi explorer les rêves et frustrations africaines, vus de Bruxelles, pour confronter le présent et le passé en cherchant le futur.
Pour tisser "Juju Factory", je suis parti d'un quartier belge, qui symbolise l'exil et l'immigration, qui porte un "certain mal de vivre" et montre la fragilité quotidienne des vies au bord de la tragédie sociale. Mais ses personnages restent debout, tous convaincus (imaginaire de l'écrivain) que leur présence est justifiée par leur histoire (le Musée de l'Afrique centrale "Tervuren", le roi Léopold II, Patrice Lumumba, etc.).
"Matonge" (prononcez : "ma-ton-gué"), petit quartier bruxellois, est, à mon avis, le seul lieu donnant un nom africain (à l'origine appellation d'un quartier de Kinshasa) à un coin d'une cité européenne. Est-ce pour cela qu'un spectre (Lumumba) erre dans ce quartier ? Et pourquoi donc Joseph Désiré (l'éditeur) s'en va demander conseil à la statue équestre du fameux "roi Léopold II" sur son différend avec Kongo (l'écrivain) ?
L'autre "esprit" de ce film est celui du numérique. Il est ici porté par l'"inteleki", vieux mot grec qui signifie "insuffler de l'énergie dans la matière inerte."
Ce film est tourné en DV. Surtout parce que cela était propice aux conditions d'une petite production" extra indépendante." Nous avions foi en l'histoire que nous voulions raconter au monde. Notre désir était, et demeure, de poser ce film (dès le tournage) dans l'imaginaire cinématographique et sur des règles du cinéma. En d'autres termes il s'agissait d'utiliser une DV pour l'outil qu'elle est : une caméra. "L'esprit du numérique" a fait le reste, en jouant l'intermédiation essentielle entre le récit, l'art et la technique. Et, avec des bons acteurs, notre proposition de mise en scène s'est laissé guidée par "l'inteleki" (insuffler l'énergie…)
"Juju Factory" est une métaphore sur la création, dans la grisaille de l'exil. Quand celui-ci est capable de fabriquer ("usiner" dirai-je) de la joie et de la folie dans le même bain. Quand il nous offre la confrontation entre deux "esprits africains" au cœur d'un quartier européen qui porte un joli nom africain. Telle une jolie métisse écartelée entre deux amants aux fortunes opposées.
En français, "juju" se dit "joujou". Un jouet.
Joseph Désiré (Katik Bakomba) contre Kongo Congo (Dieudonné Kabongo). Le premier tient à la "raison" d'un certain marché ; il croit savoir ce que les "autres" veulent entendre et voir. "Votre Lumumba et tous vos ancêtres, enterrez-les où vous voulez mais pas dans un livre que je finance !" pérore l'éditeur. Et il ignore les poètes : Aimé Césaire, Tshiakatumba Matala, William Sassine… Même le cinéaste David achkar ne lui dit rien qui mériterait d'être gravé dans son "Matonge global village", le livre dont il rêve.
Echine courbée sur son ordinateur, l'écrivain est habité par le "juju". Cette magie qui ordonne, dans le livre en écriture, toute vie qui s'invite chez lui. Elle le fait aussi voyager à la "vitesse du son" entre la Belgique et le Congo. Et magnifie ses mots qui ne savent plus où se trouve la frontière entre la réalité et l'imaginaire.
Balufu Bakupa-Kanyinda "Juju Factory"
Titre du film : Juju Factory Genre : comédie dramatique (contemporaine) Langue: française Producteurs: Balufu Bakupa-Kanyinda et Ndiagne Adéchoubou.
Interprètes : Dieudonné Kabongo, Carole Karemera, Katik Bakomba, Sohder Leta Manesa, Aline Bosuma, Pascale Kinanga, Emile Abossolo Mbo, Stéphane Bissot, Imhotep Tshilombo, Maxime Thierry, Nolda Massamba, Ken Ndiaye, Magali Sylvestre, José Luis Cortez, Mirko Popovicth, Fabrice Masuka, Thierry Wenes, Bach-Lan Le Ba Thi, Anne-Sophie Leurquin, Laurent Ancion
Directeur de la photographie et caméra: Olivier Pulinckx Opérateur son et caméra : Balufu Bakupa-Kanyinda Maquillage : Jovita Lukau Assistants : Anne Ransquin, Maxwell Caldeval, Christophe Vanheuverzwijn Décoration : Stéphanie Péty de Thozée, Doudou Bakomba Assistant caméra : Joe Bondo Assistant son : Momo Mulisa Assistant monteur : Xavier Champagnac Monteur : Sébastien Touta. Format de tournage : DV Format de diffusion cinéma : 35mm Durée : 1h37 minutes Lieux de tournage : Bruxelles, Belgique. Durée du tournage : 5 semaines Période tournage (prévue) : 15 novembre-20 décembre 2004 Postproduction : Paris, France. Durée de postproduction : 16 semaines Première projection publique (prévue) : mai/juin 2005
Première mondiale : FESPACO 2007 (Burkina Faso) 24 février-03 mars 2007.
Production : Akangbe Productions (France), BlackStarLine, (Belgique), Dipanda Yo ! (RD Congo), et la participation de Artspheres (asbl, Belgique)
Print Source/World Sales/Ventes Internationales Anne Ransquin (Dipanda Yo!) 76 rue de la Source Brussels 1060 Belgium Tel: 32-2-538-6091 anneransquin@gmail.com
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