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Bachir Hadjadj est un écrivain algérien, né en 1937 en Algérie où il a grandi.
Il fréquente les lycées de Constantine et de Sétif, et se retrouve, en 1957, sans sursis - pour fait de grève -, sous l'uniforme militaire comme appelé du contingent en Algérie.
Libéré, il prend une inscription à la faculté des sciences à l'université de Grenoble, mais rejoint bientôt l'ALN sur la frontière tunisienne. Démobilisé en 1962 comme officier, il reprend ses études à la faculté des sciences de l'université d'Alger.
Il participe activement à la vie politique et syndicale, lors des premières années de l'indépendance, pour l'émergence d'une Algérie démocratique et d'une société moderne. C'est ainsi qu'il est responsable étudiant au sein de l'UNEA, puis ingénieur dans une société industrielle d'Etat. Le coup d'Etat de Boumediène en 1965 met fin à l'espoir d'une vie démocratique et l'amène à quitter l'Algérie en 1972.
Il fait ensuite carrière au sein d'institutions de lutte contre le sous-développement en Afrique sub-saharienne, comme spécialiste du développement industriel et des PME.
A la retraite aujourd'hui, il milite pour la démocratie et le respect des droits de l'homme.
En 2007 à l'âge de 70 ans sort son premier livre "Les Voleurs de rêves: Cent cinquante ans d'histoire d'une famille algérienne" parut aux éditions Albin Michel, dont il dit dans cet extrait de l'avant-propos :
"À vouloir repousser indéfiniment le temps de parler enfin de ces choses qui brûlent, je m'attendais en fait depuis longtemps à me faire interpeller un jour. Et un jour, au cours d'une énième discussion apparemment anodine sur sa «beurité», elle a posé le problème simplement, à sa manière : «Ne te trompe pas, papa, m'a dit ma fille, je suis et je me sens française jusqu'au bout des ongles, mais je voudrais aussi savoir d'où je viens. Mes souvenirs sont vagues et j'ai peu connu les miens, ceux de l'autre côté. Tu nous as peu parlé de ton pays d'origine, et puis tu ne nous as pas appris l'arabe. Je t'en veux pour cela, j'ai l'impression de manquer d'une dimension, d'avoir été frustrée de quelque chose. À défaut d'en parler, j'ai envie que tu écrives, que tu me dises comment tu as vécu, comment étaient tes parents, tes frères et tes soeurs, comment c'était là-bas ! C'est peut-être idiot, mais j'en ai besoin !»
J'ai senti que chez mes deux fils, l'attente n'était pas moins grande. Alors, j'ai pris à mon tour ma place dans la lignée des conteurs de la tribu.
Mon père, Brahim, né en 1893 et mort en 1985, a été élevé dès sa plus petite enfance par son grand-père Saad, un taleb, lui-même né vers 1843 et mort en 1916 dans ses bras. Pour ma part, je suis né en 1937 et j'ai quitté l'Algérie, mon pays natal, en 1972. C'est donc une période de plus de cent ans de l'histoire de ma famille et de trente ans de la mienne propre que je raconte dans ces pages.
J'en ai relaté les événements et décrit les personnages d'après ce que m'ont transmis mon père qui les tenait lui-même de son grand-père, et ma tante, la soeur aînée de mon père, qui savait raconter merveilleusement les choses ; et aussi les deux épouses de mon père qui furent mes deux mères. J'ai, bien sûr, interrogé ma propre mémoire. A-t-elle été fidèle ? Il est des sujets, des souvenirs sur lesquels je n'ai pas toujours souhaité m'attarder parce que, même lointaine dans le temps, la douleur qui s'y rattache est encore vive. J'ai assisté, souvent de près, aux grands bouleversements qu'a connus l'Algérie. Une enfance et une adolescence ordinaires d'un petit Arabe colonisé, relativement privilégié, qui croyait que c'était cela la normalité du monde. La violence de la guerre de libération, les souffrances et les drames qu'elle a entraînés, je les ai subis, comme tant d'autres de ma génération. Enfin, j'ai vécu intensément l'Algérie des folles chimères et des déceptions douloureuses, l'Algérie qui, aussitôt libérée, s'est empêtrée dans son avenir, devenu son calvaire..."
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